mai 8, 2025
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La province du Haut-Uele, dans le nord-est de la République Démocratique du Congo, traverse l’un des chapitres les plus sombres de son histoire récente. Alors que la population est confrontée à une série de crises multidimensionnelles,, infrastructurelles, sécuritaires, économiques et sociales. une question brûle les lèvres des citoyens ; où sont passés leurs députés provinciaux ? Élus pour défendre les intérêts de leurs mandants, ceux-ci brillent aujourd’hui par un mutisme inquiétant, laissant place à une angoisse généralisée.

Dans la ville d’Isiro, chef-lieu de la province, comme dans les six territoires qui composent le Haut-Uele, l’électricité demeure un luxe inaccessible. Les projets de réhabilitation des routes, bien que salués dans leurs intentions, piétinent sur le terrain. Plusieurs ponts vitaux pour la circulation des biens et des personnes sont effondrés ou menacent de s’écrouler. Partout, le décor est le même : un abandon manifeste doublé de l’érosion progressive des espoirs d’un développement tant attendu.

À ce tableau déjà sombre s’ajoutent les tracasseries administratives, désormais banalisées et institutionnalisées. Les incursions régulières de bandits armés non identifiés dans certains territoires installent un climat de peur et de méfiance. Les violations des droits humains deviennent monnaie courante, sans que les autorités provinciales ou nationales ne semblent réagir avec la diligence requise.

Plus inquiétant encore, l’envahissement des forêts par des éleveurs transhumants, notamment des Mbororos, déstabilise les écosystèmes locaux et crée des tensions avec les communautés autochtones. Parallèlement, l’exploitation illégale des ressources forestières par des opérateurs étrangers, souvent chinois, se poursuit dans une impunité troublante.

Le manque d’infrastructures sociales de base est criant. Les hôpitaux, quand ils existent, sont vétustes et manquent cruellement d’équipements et de personnel qualifié. Il n’existe pas de morgue digne de ce nom à Isiro. Les écoles publiques, piliers de la politique de gratuité de l’enseignement prônée par le Chef de l’État, sont en ruine, compromettant l’avenir de milliers d’enfants. L’eau potable est un bien rare, et les terrains de sport adaptés relèvent du rêve.

Cette précarité généralisée alimente une flambée des prix sur le marché local, une montée spectaculaire de la criminalité urbaine et un chômage endémique, notamment parmi les jeunes, livrés à eux-mêmes. Les cambriolages nocturnes se multiplient, nourrissant un climat d’insécurité et de méfiance.

Les élus provinciaux sous silence : un scandale institutionnel ?

Dans ce contexte, l’absence de réaction des députés provinciaux suscite colère et incompréhension. Depuis leur élection, aucune interpellation publique, aucune motion, aucun débat de fond n’a été initié à l’Assemblée Provinciale. Aucune mission parlementaire n’a été diligentée pour constater et documenter les réalités du terrain. Une passivité qui contraste violemment avec l’urgence de la situation.

Certains analystes politiques, qui ont requis l’anonymat, pointent du doigt une Assemblée provinciale dominée par des suppléants inféodés aux barons politiques. Pour eux, ces élus agissent davantage comme des exécutants que comme des représentants du peuple, préférant jouir des privilèges du pouvoir que de se battre pour leurs concitoyens.

Un appel à la responsabilité et à l’engagement

Il est temps que les députés provinciaux du Haut-Uele se ressaisissent. Leur silence n’est plus tenable, leur inaction devient complice. Ils ont été investis d’un mandat populaire, une mission sacrée : défendre les intérêts de ceux qui, aujourd’hui, ploient sous le poids de la souffrance et de l’abandon.

Il leur revient désormais de briser ce silence, de sortir de l’ombre et de prendre la parole là où cela compte : dans l’hémicycle, dans les médias, sur le terrain. Il ne s’agit plus de faire des promesses, mais d’agir. Agir pour redonner espoir, restaurer la dignité, et surtout, mériter la confiance d’un peuple qui observe, analyse, et saura tirer les leçons au moment venu.

Sans une refondation morale et politique de cette Assemblée provinciale, le Haut-Uele risque de sombrer davantage. L’histoire jugera.

Caleb Bodio, Journaliste d’investigation, Communicologue, Étudiant et chercheur

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